mixolydien
La méthode de traduction
Après une première transcription, il a fallu distinguer les termes issus du latin classique de ceux du latin médiéval.
Certains d'entre eux, comme corveia peuvent être très rares, et n'être utilisés que dans certaines régions. Par exemple, terragium n'est utilisé que dans le nord de la France.

Les déclinaisons, fortes de sens, devaient sans arrêt être vérifiées.
Par exemple, hominium n'est pas une forme déclinée de homo... (la confusion est facile avec hominum). Mais hominium signifie hommage en latin médiéval.

Le latin médiéval enrichit naturellement le latin classique de nouveaux termes au fil de l'évolution de la société. Apparait aussi à cette époque le langage juridique, dont les mots latins sont encore d'usage de nos jours.

Par la lecture d'autres chartes contemporaines, j'ai pu retrouver des similitudes d'expressions ou des associations de mots. Cependant, le latin médiéval variant beaucoup d'un lieu à l'autre ou d'une décennie à l'autre, sa traduction reste très empirique.

Constamment, je devais garder sous les yeux la charte avec son écriture d'origine. C'est ainsi que j'ai déchiffré très tard dans l'écriture la calligraphie æ, que j'avais pris pour de simples a, particulièrement à la fin de mots féminins. Ceci remettait en question les déclinaisons féminines dans toute la charte.
Autre exemple, l'Université de Toronto publie des études de chartes médiévales anglaises, où les terminologies en latin médiéval sont analysées selon leurs formes et leurs occurences en fonction des décennies.
Cela permet par exemple de dater des chartes.
DEEDS Project (Documents of Essex England Data Set), menu "publications", rubriques "recent" et "archived".
Allez voir par exemple l'étude The Dating of Medieval English Private Charters of the Twelfth and Thirteenth Centuries.
Il aurait été fastidieux d'effectuer toutes les recherches nécessaires dans les bibliothèques.
Mon souhait était de mettre à profit l'outil Internet pour traduire ce document en latin médiéval.

Ne pouvant pas rivaliser avec des spécialistes, je ne peux pas certifier l'exactitude de la transcription ni de la traduction.
D'autre part, j'ai préféré rester le plus près possible de l'original en latin, par une traduction littérale.
Bien entendu, toute critique et tout complément permettant d'affiner l'ensemble seront bienvenus.
Pour donner un exemple de site, j'ai particulièrement apprécié les dossiers documentaires de Theleme : Techniques pour l'Historien en Ligne.
L'école des chartes y propose des transcriptions et traductions de chartes avec commentaires sur les aspects paléographiques, diplomatiques et linguistiques. La présentation interactive est particulièrement instructive.

Recherche et concentration, la meilleure méthode.
Le site http://www.perseus.tufts.edu/cgi-bin/resolveform?lang=Latin, dictionnaire américain "en ligne" de latin (ou grec) classique, m'a beaucoup aidé : on peut y rechercher des termes sous une forme déclinée ou conjuguée !
Enfin vint l'analyse de la construction du discours.
C'est à ce moment là que des 5 feuillets, je compris que les pages 2 et 3 étaient interverties !
En effet, dans le 1er feuillet Jean Puche et l'abbaye, les deux parties, réalisent un échange.
Puis cet échange est détaillé et nous découvrons tout ce que Jean abandonne.
Ce 1er feuillet se termine par le mot Et qui annonce une nouvelle phrase.
L'ex-feuillet 2 commence par Johannes vel ejus heres et pourrait continuer la phrase, mais quelque chose ne va pas :
rien ne décrit ce que l'abbaye apporte en échange !
Or l'ex-feuillet 3 débute par è contra Ecclesia qui signifie en contrepartie l'Eglise.
Ce 3ème feuillet continue donc bien le 1er feuillet, et détaille comme nous l'attendions ce que l'abbaye échange avec Jean Puche.
L'ordre des feuillets 2 et 3 est rétabli.